<$BlogRSDURL$>

KURSE & INDIZES
IL NE S'EST RIEN PASSE

22/05/2004
 
ATMOSPHERE
tout est mort & noir
une par une, nos amitiés se désèchent
on ne le fait pas exprès, on dit simplement ce qu'on pense
mais ce qu'on pense vient percuter ce que eux ne pense pas
et au lieu de se fondre dans le vide de leur jugement
nos réflexions sont comme des météorites entrant dans l'air transparent de l'atmosphère :
elles chauffent, entrent en fusion, et se consument en une torche longiligne au milieu de leur nuit
tout est mort & noir
et nous serons bientôt seuls
20/05/2004
 
TERRORISME RELATIONNEL
même si nous ne le laissons pas transparaître, Silvana et moi avons un emploi. on nous paie pour une activité, insignifiante certes, mais qui nous dévore assez de temps pour nous empêcher de détruire tout ce que nous souhaiterions détruire.
ce matin, chaque mouvement est difficile.
Silvana dort encore, à l'étage, et je pense qu'elle ne se lèvera pas avant longtemps.
moi, je suis descendu, jeté hors du lit par l'obligation d'un voyage "professionnel".
ce matin, tout est difficile.
de la soirée d'hier ne subsitent que quelques bribes floues, noyées dans la sensation de n'avoir pas fait ce qu'il était convenu que nous fassions.
la morale n'a pas de pitié pour les ivrognes.
tout le monde les excuse de tout, les ivrognes, mais pas la morale.
ainsi être ivre-mort en compagnie de ses collègues de travail, de ses employeurs, laisse dans nos esprits la désagréable sensation d'avoir fait quelque chose de mal.
mémoire altérée, flash imprécis, que s'est-il réellement passé ?
qu'avons-nous dit qu'il aurait mieux fallu que nous ne disions pas ? qu'avons-nous fait sans plus rien pour nous retenir de le faire, ni principes, ni bienséance ?
j'en apprendrai bientôt plus sur ces événements, mais en attendant, ne pas craquer, ne pas regretter, car finalement, s'il s'est produit ce qui s'est produit, c'est que le chaos nous a possédé, pour quelques heures, et que toute convention a explosé.
comment pourrai-je regretter ceci ?
le plus dur n'est pas d'agir.
le plus dur, c'est de se convaincre que nos actions, même si tout les réprouve, ont été utiles, et grandioses.
16/05/2004
 
CANNES
je suis tombé sur une émission consacrée au festival de Cannes et me suis demandé comment on pouvait encore laisser faire ce genre de choses.
il faudrait tout brûler, hommes, femmes, enfants, pellicules.
rapidement tout brûler pour oublier vite.
14/05/2004
 
CHALEUR
le soleil revient & notre chambre a l'étage
reprend son odeur d'été.
Silvana dit que c'est l'odeur du latex des préservatifs
qui embaume d'autant plus que les fenêtres sont fermées
et l'air remué par les changements de température.
j'aime cette idée, de flotter chaque soir
dans des effluves de spermicide
comme dans un cocon stérile
où tout serait permis.
10/05/2004
 
FIN
il n'y a pas de réelle image de destruction tant qu'on n'a pas stimulé chez le recepteur de cette image la prise de conscience qu'il finira un jour ou l'autre par disparaître.
il y a de notre point de vue deux sortes d'images, de sons, de signaux en fait :
- ceux qui sont interprêtés comme des prémonitions de notre mort à tous.
- ceux qui sont interprêtés comme les preuves de notre survie éternelle.
Silvana et moi n'apprécions pleinement et nous baignons sans cesse dans les signaux appartenant à la première catégorie.
07/05/2004
 
WEEK END EN CAMPAGNE
Parfois, avec Silvana, nous décidons de passer le week-end comme un petit couple modèle.
Alors nous partons en forêt, non loin de chez nous,
pour que les couleurs criardes de nos manteaux soient comme des tâches de mauvais goût dans l'uniformité froide de la nature environnante.
Nous n'avons pas d'enfants, alors il manque tout de même quelque chose.
Aucun cri ne vient faire taire le stupide chant des oiseaux, braillant en ces periodes printanières d'autant plus que leurs petites hormones sont en ébullition, tenaillés par le désir secret de se reproduire avant l'été, afin que l'hiver n'emporte pas leur progéniture fragile comme la canicule chez nous les humains.
C'est un compte à rebours, et il faut qu'ils baisent le plus vite possible, car le temps leur est compté.
Une saison pour mener à bien leur devoir de reproduction, le seul et unique devoir qu'ils aient d'ailleurs.
J'ai donc pensé que si nous nous mettions, nous les hommes, nous les musiciens, à tous envahir les forêts au printemps, et à tous hurler, à tous faire cracher de la musique nerveuse dans des kilowatts de sono, peut-être pourrions-nous assez troubler les dialogues amoureux d'une race de volatiles à la voix un peu moins puissante qu'une autre, et finir par provoquer son extinction totale.
Extinction d'espèce par violence sonore.
Voila un vrai signe de pouvoir.
06/05/2004
 
EXPLOSIONS
réalité & système
retour dans les sphères balisées
relations, connaissances, emplois, comme si de rien n'était
comme si tout devait toujours rester ainsi
est-ce que cette routine nous rassure ?
est-ce qu'elle est nécessaire ?
ou bien faut-il parfois hurler & ne pas limiter les explosions de rage à nos chambres à coucher ?
un jour casser un mur
un jour faire tomber ce qui nous soutient & voir si on tient encore debout
même si on en a peur
un jour démolir les fondations
juste pour voir
que pourrait-t-on faire d'autre ?
04/05/2004
 
NOXAGT
Voila une très bonne nouvelle...
Noxagt - The Hebbex
03/05/2004
 
FLORENCE
Je crois que c'était le moment le plus extatique du voyage.
Nous sommes arrivés à Florence en fin de matinée. Le vent y soufflait fort. Les casquettes unicolores des groupes d'enfants en voyage scolaire s'envolaient sur la Place du Dôme.
Nous étions lundi.
Ce que nous ne savions pas en partant, c'est que le lundi, tous les musées sont fermés à Florence.
Nous avons donc traîné quelques temps dans les rues, mais après quelques verres de rouge, il devait être 14 heures, nous avons renoncé à combattre les bourrasques froides pour aller nous blottir dans notre chambre d'hôtel.
C'est là que nous sommes restés, tout l'après midi, sachant pourtant pertinement que nous partions le lendemain et qu'il nous serait impossible de revoir cette ville avant très longtemps.
Faire l'amour sans discontinuer, pendant une demi-journée, au beau milieu de ce qui est probablement la plus belle collection d'art classique du monde, sans en voir une miette, restera probablement l'expérience la plus radicale que nous ferons jamais, Silvana et moi.
Rien que pour ça, nous ne retournerons jamais à Florence.