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KURSE & INDIZES
IL NE S'EST RIEN PASSE

28/08/2004
 
JUNGLE
quand j'étais plus jeune, et qu'on me disait "tu sais, la vie c'est la jungle", je trouvais l'image un peu exagérée, un peu simpliste aussi.
mais je pense aujourd'hui que plus nous pénétrons dans cette fameuse vie, plus nous nous y enfonçons, abandonnant les enfants que nous étions, plus cette constatation devient crédible.
maintenant, je pense que vraiment la vie est une jungle, un territoire vaste et hostile où l'on ne pourra jamais faire confiance à personne, où tout homme qui peuple ces étendues luxuriantes et fatales est un animal, blessé par un passé qu'il ne souhaitait pas, et qui n'hésitera pas à mordre celui qui l'approchera de trop près.
il n'y a pas d'amour, il n'y a pas d'amitié, il n'y a qu'un défilé de spectres flous stagnant entre deux consciences, luttant pour leur propre survie, las, fatigués, tenant debout par la seule chose qui nous pousse encore quand tout est perdu, car tout est perdu : l'instinct de conservation.

27/08/2004
 
DECEPTION (2)
si je disparais dans les ténèbres, c'est parce que rien ici ne me retient plus.
je ne ressens plus aucun désir de voir le jour prochain se lever. je n'ai plus aucune raison de me lever demain.
ne reste que la curiosité.
voir par exemple ce que dira Silvana si je passe le week end en Bretagne avec une autre qu'elle.
voir sa réaction, c'est la seule chose qui me tient en vie.
 
DECEPTION
le remake de Massacre à la tronçonneuse est une merde sans nom.
je refuse d'en parler d'avantage.
25/08/2004
 
EBRIETE
c'est étrange, car c'est seulement lorsque je suis en état d'ébriété avancée que je prends d'immenses décisions concernant mon avenir, ou mon présent proche, enfin, ce qui se trouve là.
par exemple, c'est seulement dans ces moments que je suis à même d'affirmer avec conviction que soit :
- la vie ne doit se résoudre que dans l'activité sexuelle débridée et discontinue
- la vie ne doit se résoudre que dans la destruction totale de toute chose
- la vie ne doit se résoudre (et rapidement si possible) dans la destruction totale de moi-même
à chaque fois que je démontre par A+B ces implacables théories, Silvana me regarde d'un oeil amusé et ne dit rien.
elle se contente d'attendre.
alors, au moment où je me mets à vômir, elle me tient le front pour ne pas que je salisse mes cheveux.

 
Comme Silvana n'aime pas sortir...
... je zone souvent dans les villages alentours, tout seul.
je traîne les bistrots, les kermesses, les commémorations.
j'écoute tout ce qui se dit dans ces temples consacrés au dieu Alcool, qui drainent toute une faune de détraqués, névrotiques, tordus, asociaux, inconscients, paumés.
ça n'a rien de brèves de comptoir, ce qui se dit ici, rien du tout.
c'est bien moins drôle la plupart du temps.
et souvent, devant ce spectacle pathétique, et l'étalage de toute la misère humaine, je me dis que je ne tarderai pas à leur ressembler, si on considère que les neurones dans nos têtes, irrémédiablement, sont détruits sous l'action de l'alcool.
alors je finirai moi-aussi par aligner des phrases, cohérentes, des verbes, des adjectifs parfaitement accordés, mais dont le sens global restera despérément tapi dans un coin d'ombre, logé quelque part dans ce qui reste de conscience au pauvre bougre que je serai devenu.
que restera-t-il alors des réflexions que j'ai aujourd'hui, de la capacité à les mettre en place ? probablement rien.
et la peur de la mort ? et la fascination devant elle ?
c'est là la seule question à laquelle je ne trouve pas de réponse.
je pense que j'aurais alors encore peur, peut-être plus que jamais.
mais alors je ne serais même plus capable de m'en aperçevoir.
15/08/2004
 

 
NEGATIF

Bien entendu, on ne peut pas créer une anthologie des films de destruction massive sans passer par l'un des deux seuls qui catalyse à ce point notre réflexion sur le sujet (on parlera du deuxième plus tard).
Là où dans les brumes indistinctes d'un premier degré attardé, nous nous efforçons depuis quelques semaines de retirer une leçon de vie et surtout de mort, Donnie Darko est l'exemple-type de l'application théorique de ce sourd pressentiment.
Evocation des points de fuite des réflexions existentielles, sacrifice à l'ordre des choses, incompréhension globale devant la coïncidence de nos vies, tout est ici réuni pour résumer à la fois les films d'ados, ceux de massacres sans nom ainsi que ceux mettant en scène la fin des mondes.
C'est d'ailleurs cet aspect synthétique qui nous a dérangé, Silvana et moi, non à la première vision, euphorique, mais plus tard, quand nous avons réalisé que toute peur disparaissait dès lors qu'elle devenait limpide et parfaitement argumentée.
Ainsi Donnie Darko ne fait pas peur. Et n'inquiète pas. Tout au plus, il réjouit des spectateurs en accord avec son principe.
Il faudrait que quelqu'un refasse ce film, qu'il vire cette musique 90's vomitive (Tears for Fears, beurk), qu'il ôte toute cohérence à la présence de Franck le lapin borgne, qu'il plonge le récit dans un flot noir, une mer de ténèbres parsemée de dents rocheuses invisibles, et en appelle à la puissance du bruit blanc pour saturer de rien une bande-son radicale.
Ce serait notre Donnie Darko. Notre bannière négative élevée au milieu des cadavres, sur le champ de bataille d'une guerre perdue.