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KURSE & INDIZES
IL NE S'EST RIEN PASSE

31/10/2004
 
WARGAME
j'imagine qu'en lisant ce journal, la plupart des lecteurs imaginent un visage, à Silvana et moi, torturé, lugubre, couvert peut-être de modifications corporelles, de tatouages et autres signes de reconnaissance des tribus sans destin.
or nous sommes invisibles.
croisez nous dans la rue et vous ne verrez rien de plus qu'un couple déchiré comme un autre, qui ne se tient pas la main ni ne s'embrasse, qui parle de choses utilitaires comme "il reste du papier cul à la maison ?" et remonte dans la voiture sans se regarder.
rien d'exceptionnel ne sort de nous, et beaucoup des pouvoirs surnaturels dont nous sommes dôtés sont engendrés par le récit que je fais de cette histoire banale parmi les histoires banales, celles des hommes et des femmes, qui vivent ensemble, mais plus vraiment, qui dorment ensemble, sans se toucher, qui mangent ensemble, sans un mot, noyés par la litanie anesthésiante du temps qui passe.
dans l'environnement microscopique d'un couple asocial, c'est à dire sans ami, reclu au milieu d'une campagne domestiquée et plate, chaque évenement, forcément minuscule, a le goût de la tragédie - changement d'échelle - comme lorsque vous ne voyez qu'un petit point noir sur mappy.fr et qu'un clic vous dévoile un labyrinthe de rues enchevêtrées.
parfois je pense que cette situation, cette guérilla de salon perpetuelle, avec ses tranchées, ses lignes de démarcation, son no man's land, son artillerie lourde, ainsi que nos attitudes à tous les deux, le choix même qui nous a fait venir ici et haïr le reste des hommes avant de nous haïr nous-mêmes, parfois je pense que tout ça a été fait sciemment, pour que l'enfer que représentait à nos yeux le monde du dehors n'ait pas droit de citer, pour en évacuer toutes les composantes, et devenir notre propre univers, et tenter de maîtriser l'information - fil d'info en continu derrière la paupière de gauche - ordres militaires derrière celle de droite - maîtriser la géopolitique - zones de tension - territoires sans autorité - sanctuaires - droit - non-droit - groupes de pression au creux des draps moites - drapeaux - honneur - trahison - maîtriser tout ce qui échappe à l'homo sapiens occidental, et qui le dévore, sans qu'il s'en rende compte, qui le rend lisse, écorce poncée dans le vent, sans tronc, peut-être que c'est ça que nous avons essayé de fuir, pour aujourd'hui nous aperçevoir que malgré le changement d'échelle, nous n'en crevons pas moins vite, nous ne nous vidons pas moins vite de notre sève, nous sommes juste aussi seuls que les autres, mais seuls à deux.
29/10/2004
 
SIGNE
c'est une sorte d'événement.
d'abord parce que nous avons parlé, avec Silvana.
ça n'était pas arrivé depuis longtemps.
ensuite parce qu'elle a émi un avis. qui plus est, un avis sur moi.
nous parlions bien sûr de destruction. de nos corps qui se décomposaient. du temps qui les rongeait. et de l'alcool.
alors je ne sais plus exactement quelle a été sa phrase, car c'était quelque chose d'anodin, de doux et de faible, mais elle a dit en substance, avec une sorte d'amertume dans la voix : "tu te détruis."
ça avait presque l'air d'un reproche. ce qui m'a évidement étonné.
et c'est pourquoi depuis ce moment, il y a beaucoup de questions qui me traversent.
car je n'ai reçu aucune demande, juste cette simple remarque.
et comme un signe rayant les cieux primitifs, j'en suis réduit à l'interprétation de l'avenir.
est-ce que je pourrais cesser de me détruire pour elle ?
et admettant que je le fasse,
si je deviens monsieur Kurse, le gentil voisin qui taille sa haie le dimanche,
si je deviens le collègue à qui on raconte ses problèmes,
celui dont on n'a pas peur, qui sourit quand il vous voit,
si je deviens le mari aimant qui parle de l'avenir sans envisager que la croute terrestre puisse s'ouvrir à tout moment et nous engloutir,
si je compose des chansons à texte qui parlent d'amour et d'hirondelles,
si je me couche sagement après le journal de la nuit de france 2, au lieu de boire du whisky jusqu'à l'aube en faisant grincer des sons inaudibles dans mon casque,
si je deviens celui là, admettons,
serai-je encore quelqu'un qu'elle pourra aimer ?
28/10/2004
 
INVENTAIRE
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08:00 AM - reveil
11:00 AM - 2 verres de rouge
12:00 AM - 1 whisky/coca
01:30 PM - 5 verres de rouge
02:30 PM - 2 verres de poire
06:00 PM - 2 verres de rouge
08:00 PM - 2 whisky/coca
09:30 PM - 1 whisky/coca
12:00 AM - sommeil
03:00 AM - 2 verres de rouge
04:00 AM - coucher
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25/10/2004
 
MENSONGE
l'Histoire n'existe pas.
le monde est une fiction transpersée de regards subjectifs et inquiets.
il n'y a pas de réalité, seulement des témoignages.
le mien, comme tous les autres, est un mensonge.
ce journal est un journal de couple. où je suis le seul à m'exprimer.
notre couple est une invention littéraire. il l'est devenu. au fur et à mesure des mois. dès lors que silvana a cessé d'y prendre part. si tant est qu'elle l'ait jamais fait.
je tape quotidiennement ces mots. je raconte ma version.
et autant que possible j'évacue le fait que je suis une ordure.
autant que possible je range le spectateur de mon côté. en omettant l'important. en éludant les épisodes. en biaisant le fait.
j'écris l'Histoire. c'est un pouvoir non-négligeable.
c'est un pouvoir immense. qui me contente. et me rassure.
d'une certaine manière, il m'apporte une forme de rédemption. comme si j'en avais besoin.
l'Histoire n'existe pas.
il n'y a que mon orgueil.
24/10/2004
 
FEUX


portable chargé. réseau viable. repertoire. sms.
téléphone fixe branché. annuaire du département. carnets noirs contenant les numéros de mes amis. connaissances. collègues. les trois.
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j'ai rêvé qu'une foule se mettait en ordre de bataille dans une rue déserte, dans laquelle on avait monté des barricades.
ça ressemblait un peu à la dernière image de AKIRA. la double page. quand on ne sait pas si la fin du monde a eu lieu. combien de fois elle a eu lieu. si elle est à venir. si elle commence. ou encore si les immeubles qu'on voit s'effriter tout autour le font parce que les motos surpuissantes et blessées, fuyant vers le lointain, détruisent tout sur leur passage. quand on ne sait pas si c'est l'homme qui est broyé par le monde. ou le monde qui est broyé par l'homme.

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liaison internet opérationnelle. comptes email actifs. carnet d'adresse. connexion limpide.
messagerie directe ouverte. liste de contacts. buddies. fenêtres.
forums. sujets. conversations. threads. listes de discussion. discussions.
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dans mon rêve je n'attends pas la suite des événements. j'entre dans un immeuble à la recherche de quelque chose. je ne me souviens plus de quoi. le bruit de la révolte dehors s'éteint peu à peu. une révolte à laquelle je n'appartiens pas. je ne sais pas ce qui s'est passé. je m'en fous. je marche dans de longs couloirs vides. parfois, des silhouettes pressées passent furtivement au loin, sans un regard, et disparaissent.
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tout autour de moi, l'univers. et une somme incalculable de personnes avec qui m'entretenir. une somme incalculable de moyens de communication qui me permettent de le faire. une somme incalculable et vaine.
car il n'y a qu'une seule personne à qui je voudrais parler.
et je ne peux pas.
23/10/2004
 
FAUVE

d'une motivation intellectuelle,
tergiversation, inquiétude, détresse,
la situation ronge à présent mon univers physique.
j'ai cette boule incandescente dans la poitrine, qui ne me quitte plus, qui ne grandit pas non plus, mais contamine,
frissons, torpeur,
tout le reste, comme une déflagration.
mégatonnes dans l'estomac,
secousse sismique qui fait tomber un gratte-ciel au ralenti,
crash test que personne ne regarde,
simulation de catastrophe.
je suis sage. je suis calme. je ne bouge pas.
et plus l'analyse théorique se heurte à un mur de marbre froid,
plus l'échapatoire à l'impasse devient l'implosion.
car nous ne pouvons pas, je pense, admettre l'insoluble,
ça n'est pas ce que ce monde nous a appris,
en nous faisant croire que les clés allaient être perpetuellement au creux de nos mains.
l'inertie, l'oisiveté, l'immobilisme, sont des états dans lesquels nous ne pouvons pas nous épanouir, puisque les schémas du bonheur que nous intégrons en sont exempts.
je suis sage. je suis calme. je ne bouge pas.
et rugissent jusqu'au bout de mes doigts une armée de fauves en cage.
laisser passer.
glisser.
attendre.
et écouter ce grondement évoluer sans moi.
moins je l'accepte, et plus j'en suis la victime.
alors hurler ? casser tout ce que je vois autour de moi ?
et si cela ne me soulage pas ?
à quelle nouvelle faiblesse il faudra passer ?

20/10/2004
 

 
VÔMI / LARMES / MONOXYDE
je ne suis pas du genre à m'effondrer.
généralement je supporte. tout.
ça n'est pas que rien ne m'affecte. mais c'est une sorte de blocage.
beaucoup de choses peuvent entrer. librement. on doit appeler ça la sensibilité.
mais rien ne sort jamais. ou alors sous la forme débridée d'un texte. ou d'une musique. mais en quantité insignifiante. et de manière insignifiante.
alors j'ai souvent envie de pleurer. ou du moins je crois.
parce que je ne pleure pas.
et aussi j'ai souvent envie de vômir.
mais je ne vômis pas.
j'ai parfois la sensation de fumer cigarette sur cigarette. d'aspirer une fumée mortelle que je ne recrache jamais. comme ces gens qui se suicident au monoxyde de carbone. en reliant leur pot d'échappement à l'habitacle de leur voiture. en circuit fermé.
certaines pensées sont une forme abstraite de monoxyde de carbone.
qu'il faudrait évacuer. mais qui tournent. indéfiniment.
un atome d'oxygène. un atome de carbone. soudés l'un à l'autre.
indisociables. et mortels.
et tout est une question de concentration.
passé un certain pourcentage de monoxyde dans l'habitacle. la vie y devient impossible.
c'est la concentration qui est importante. et sans être physicien. il est simple de comprendre que la réduction de l'espace entraîne l'augmentation de la concentration.
je ne vais pas travailler aujourd'hui.
je ne sors même pas de la chambre.
je réduis l'espace.
pour qu'en moi bouillonnent les flux.
je suis l'exact opposé d'une planète tellurique.
je suis une géante gazeuse.
en modèle réduit.
je suis Jupiter. allongée. tremblante. dans une chambre à coucher.
regardez mes reflets orangés.
regardez ma zone de surpression.
de loin. ce doit être joli.
ce sont des vents. fonçant à 600 km/h.
qui me balaient.
en circuit fermé.
18/10/2004
 
SILVANA INDIZES
Etude n°2
ce qu'il y a d'extraordinaire, en vivant avec Silvana, c'est qu'on peut expérimenter l'exacte réalité de la solitude.
être seul, ça n'est pas l'être vraiment.
tandis qu'être avec elle, c'est subir à la fois son absence physique, bien entendu son absence intellectuelle, mais pire que tout, c'est entrer en contact avec l'impossibilité d'un quelconque témoignage, la fondamentale fermeture de toutes les portes de sortie habituellement envisageables, amis, famille, confidents... littérature.
il est impossible de raconter ce que je vis,
même en tenant ce journal à peu près fidèle,
et ceci entraîne inévitablement l'impossibilité de m'aider à surmonter cette épreuve.
c'est en ça que j'appelle la vie avec Silvana de la solitude réelle, pure, comme une drogue qui n'aurait pas été coupée,
chaque minute devenant une énigme,
chaque seconde une épreuve,
où l'erreur est proscrite.
toute forme de présent trouve sa source dans un méandre infernal de passés invisibles, imbriqués, et incompréhensibles.
rien ne sera jamais simple, je le sais,
et peut-être même que je le recherche.
avec cette quête du chaos sentimental le plus absolu, de la nécessaire obligation de ne pas être rassuré, peut-être que je ne fais que fuir, finalement, la certitude que rien ne sert à rien.
moi encore moins que le reste.
17/10/2004
 
KORSAKOFF
alors que j'avais toujours pensé le contraire, je me rends compte que le désespoir est encore plus profond quand il est sec.
et aucune satisfaction liée à la morale, au bien-être de se sentir pur, dans le "droit chemin", ne peut rien y changer. la compensation qu'apportent toutes ces conneries n'est rien comparée à la détresse provoquée par la lucidité permanente.
je crois qu'on a besoin d'amnésie.
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Le syndrome amnésique (de Korsakoff) se développe généralement après des années d'absorption d'alcool et serait causé par une carence en thiamine, mais aussi par une déficience prolongée en niacine, en pyridoxine et en tryptophane. Les pertes de mémoire peuvent survenir après une période de confusion et s'accompagner d'autres symptômes neurologiques, c'est-à-dire de dysarthrie, de désorientation, d'ataxie (perte d'équilibre), d'une tendance à la fabulation, de polynévrites et de divers troubles psychiques (personnalité excentrique, soupçonneuse, dépendante, antisociale ou sexuellement déviante). Non traitée, cette affection dégénère en une forme sérieuse de démence
(Blazer, 1990, p. 171).
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et je crois que les séquelles provoquées par les absorptions régulières et massives d'alcool ne sont pas les conséquences d'un comportement, mais leur but.
nous recherchons exactement ces états, ces problèmes qui n'en sont qu'aux yeux des autres.
la réalité, c'est que pour celui qui boit, il n'y a aucun problème, seulement un long et délicieux soulagement.
15/10/2004
 
INFO
on aura remarqué que je fais rarement, voire jamais, référence à l'actualité, à l'événement, aux choses qui se passent dans le monde, ou ici.
c'est que j'ai cette sensation, depuis bien longtemps maintenant, d'être nauvragé, sur un lopin de terre perdu, seulement équipé d'une longue vue.
alors je vois, au loin, ce monde qui s'agite, ces choses qui "se passent", et cela ne constitue rien de plus qu'un décor mouvant, comme un océan tout autour de nous, chaque dépêche une vaguelette, chaque gros titre une bosse houleuse s'élevant au dessus des autres, avant de s'aplatir, et laisser la place à une autre.
rien de ce qui se passe à l'extérieur de moi ne semble avoir le moindre rapport avec mon destin, ou mon avenir, ou mes faits et gestes, aucun rapport, ni aucun lien, ni aucune influence, si bien que tout pourrait s'écrouler, cela ne me ferait ni chaud ni froid je pense, car je ne trouve même plus de plaisir à suivre les aventures ô combien trépidantes de ce monde qui gesticule, comme une série tv dont on pense au bout de la 3e saison "c'était quand même vachement mieux avant, maintenant ils s'essoufflent".
et plus rien n'est nouveau.
et rien n'a de goût.
et tout est fade.
sauf nous.
13/10/2004
 
µm
j'ai posé ma main sur la pierre apparente, sur le mur du salon.
j'ai senti qu'elle vibrait.
lorsque l'on est absorbé dans un environnement, qu'on ne connaît que lui, il devient très difficile de faire la différence entre ses propres mouvements et ceux des choses qui nous entourent.
alors au lieu de me dire que c'est moi qui tremble, je préfère parler d'un mystérieux courant tellurique qui a dévié de sa course et traverse maintenant de part en part notre maison.
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"Les Pyramides d'Egypte nous donnent la compréhension des énergies couleurs.
Prenons la pyramide de Kéops comme exemple :
¤ Au Nord de la pyramide, nous trouvons le vert +(positif) magnétique,
la meilleure vibration que nous devons avoir dans un habitat.
¤ Au Sud, nous trouvons le vert - (négatif) électrique, la plus
dangereuse vibration que nous puissions trouver.
Elle est "mortelle" à longue échéance.
¤ À l'Ouest, nous trouvons du rouge, l'énergie temporelle, (bien boire, bien manger.)
¤ À l'Est, nous trouvons du violet, l'énergie spirituelle et
mystique + occulte lors d'une spiritualité négative, égocentrique."

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vous voyez jusqu'où on peut aller pour se donner l'impression de n'être responsable de rien ?
11/10/2004
 
AUBE
c'était ce matin.
je me souviens que j'ai vu le soleil se lever, au dessus des champs derrière, ce qui est plutôt rare quand je passe la nuit à boire comme un trou.
au début, je pensais que je buvais parce que je ne réussissais pas à dormir. c'était mon excuse officielle, mais comme toute excuse officielle, c'était en réalité un sacré baratin.
l'alcool m'endormait, certes, mais il avait surtout la faculté de m'empêcher de me poser des questions.
or cette nuit, cela n'a pas suffi, et je suis sorti, sans même tituber, dans la cour derrière laquelle monte une petite colline cultivée.
à l'intérieur de la maison, les premières pistes de NACHTARMEE tournaient en boucle, et cela donnait au lever du soleil une allure martiale, comme une ouverture d'opéra post-apocalyptique, si tant est que cela puisse exister.
Silvana n'est pas sortie cette nuit, et je pense que c'est ça qui m'a le plus perturbé, car dans l'habitude, dans la répétition des choses, on finit par trouver une logique, sa propre logique invisible, qu'on ne s'avoue jamais, mais qui est là, et qui nous rassure. cassez l'habitude, et d'autres schémas doivent se mettre en place, d'autres scénarios s'élaborer, d'autres incertitudes qui nous font vaciller.
par exemple, c'est peu être indécent de dire ça, mais avec Silvana, nous ne baisons même plus.
et toutes les pièces de la maison ont perdu leur odeur de spermicide.
et toutes les pièces de la maison redeviennent fécondes,
comme le fameux ventre de la bête immonde.
quelque chose est cassé.
quelque chose est en train de naître.
10/10/2004
 
APPEL

 
FIERTE
je pourrais évidement raconter n'importe quelle connerie maintenant,
à 8h30 du mat, un dimanche,
vous parler des trous noirs, ou des cyclones,
de chaos politique ou d'entropie,
du principe d'inertie ou des vagues géantes surgies de nulle part,
de rangées de chiffres, de montagnes de données,
mais ce serait se voiler la face,
la sublimation on appelle ça, je crois,
en psychologie et en physique,
produire quelque chose de débridé,
pour ne pas être détruit par la vérité crue.
stéganographie des sentiments -
je n'ai pas écrit une note de musique.
je n'ai rien appris sur les fils d'info nocturnes.
il ne s'est rien passé
et ne se passe toujours rien,
parce qu'elle n'est pas rentrée,
et raconter n'importe quoi d'autre serait un mensonge.


09/10/2004
 
ARGUMENT MAJEUR

07/10/2004
 
OBJET
thème majeur de NACHTARMEE ?
le rapport entre amour passionnel et fascisme.
06/10/2004
 
PAPILLON
ok, les événements se calment... ou disons plutôt qu'ils entrent dans leur phase d'acceptation, ce qui les rend moins difficiles à vivre.
la soumission évite bien des désagréments, il faut croire.
bref, désormais, j'ai donc du temps, la nuit.
alors je vais me remettre à ce projet dont nous parlions il y a quelques temps, NACHTARMEE, mais je vais le faire seul. Silvana ne veut définitivement plus entendre parler de création, de quelque ordre qu'elle soit.
je le signerai malgré tout "Kurse & Indizes", pour des raisons marketing (ahah), mais à l'image de ce blog, Silvana n'y apparaîtra qu'en filigrane, au travers de ce que j'en penserai, pendant ces longues nuits où elle sera absente. ce sera un projet commun, malgré tout, et à y réfléchir, peut-être bien que la NachtArmee en question, ce sera elle...
05/10/2004
 
EXERCICE
à force de dépeindre une réalité dénuée d'espoir, un monde sombrant dans le non-sens et l'absence totale de signification, je commence à avoir l'impression de stagner dans un mode d'expression très restreint.
à titre d'exercice - je ne sais pas combien de temps je pourrais tenir - je me propose donc de m'interdir, à partir de maintenant, l'écriture des mots suivants :

mort
désespoir
noir
sombre
angoisse
terreur
horreur
enfer
malaise
décrépitude
pourriture
misère
faiblesse
tristesse

il va sans dire que cette liste n'est pas exhaustive.
disons que c'est un guide.
disons que je dois essayer d'écrire des choses optimistes.
moteur


03/10/2004
 
MATIERE = LENTEUR
ON NE PEUT PAS ETRE JALOUX DU VIDE
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Du fait de sa densité phénoménale, le trou noir exerce un tel pouvoir d’attraction gravitationnelle sur tout ce qui l’environne que la lumière elle-même ne peut s’en échapper, d’où son nom.
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ON NE PEUT PAS COMBATTRE LE VIDE
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Par définition, personne n’a jamais observé de trou noir, puisqu’ils n’émettent aucune lumière. Mais on peut en revanche observer la matière qui environne le trou noir avant de tomber dedans, et qui a des caractéristiques très particulières en termes de vitesse de rotation (proche de celle de la lumière) et de température (plusieurs centaines de millions de degrés), dans ce qu’on appelle un disque d’accrétion.
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NOTRE LOURDEUR NOUS OBLIGE A BRILLER
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"Le temps est ce qui empêche tout de se produire une seule fois"
John Archibald Wheeler (premier physicien à utiliser le terme de "trou noir")
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NOTRE ACCELERATION NE PEUT PARADOXALEMENT NOUS EMMENER QU'UN PEU PLUS VITE VERS NULLE PART
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En fait la "matière" continue à s'effondrer mais sous une limite invisible dénommée l'horizon des événements.
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AILLEURS EST PIRE
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j'attends au bord, mon oeil fixé sur l'horizon des événements, sentant l'accélération exponentielle de mon corps, irrémédiablement attiré vers le vide spiraloïde, et pouvoir enfin démontrer, ou infirmer, des théories physiques datant d'un demi-siècle, savoir si la matière soumise au voisinage de la vitesse de la lumière se sublime ou non en énergie, savoir si il y a un fond au vide, savoir si une fois changé en énergie, le temps existe encore, ou non, si dans cette permanence infinie, il y a une conscience, ou encore si le pont d’Einstein-Rosen me fera déboucher dans une autre dimension, s'il y a un autre enfer derrière la transitionnelle absence de tout, et si la seule chose qui m'apaisera se révélera être ce bref passage de rien, entre cet univers où je meurs et cet autre où je pourrais mourir.
j'attends.
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02/10/2004
 
ZERO
je n'ai jamais vraiment souffert d'insomnie.
ça n'est pas comme ça que j'appellerais ces nuits où je ne dors pas, car j'ai ce don, de pouvoir m'endormir n'importe où, rapidement, si je le décide. or souvent, je ne le décide pas.
depuis quelques jours, Silvana sort.
cela peut durer toute une nuit, et à l'aube, je n'ai pas bougé de l'étude des fils d'info en continu, en m'y consacrant pieusement comme si cela avait une importance.
j'ai beau essayer de m'en convaincre, je sais bien que la seule chose qui m'obsède et m'empêche d'aller me coucher sans elle, c'est le mystère qui entoure ces nuits buissonnières auxquelles elle commence à se livrer.
j'ai une imagination débordante, pour beaucoup d'autres choses, mais étrangement, sur ce sujet précis, je suis face au vide.
je n'ai aucune idée, aucune supposition/spéculation de l'endroit où elle se trouve, ni avec qui elle est, encore moins pourquoi.
le bruissement furtif des dépêches AFP qui tombent, de plus en plus lentement, tout au long de la nuit, doit probablement me rassurer, me rattacher aux événements tangibles d'un monde dont je cherche à faire partie, en témoin, en observateur, mais là.
une de ses amies a appelé à la maison cette nuit. elle la cherchait. elle avait appelé sur son portable qui ne répondait pas. pas de messagerie, pas de rejet d'appel. elle ne répondait pas.
jamais de mon côté je n'aurais osé faire ça, l'appeler, mais qu'on me dise qu'elle ne répond pas augmente encore l'impression vague d'étrangeté qui entoure ces sorties.
quand elle rentre, elle ne dit rien.
et de mon côté, je fais semblant de ne pas y faire attention, comme si j'avais moi aussi eu une nuit trépidante à tel point que je n'avais pas noté son absence. mais c'est faux. et je sais qu'elle le sait.
et je sais que l'écrire ici n'y changera rien, ou peut-être l'aider à se murer encore plus dans le silence.
peut-être que c'est ce qui finira par se passer, dans la fabuleuse aventure conjugale que nous vivons, une période de silence, comme autrefois la Terre a traversé des périodes glacières, éteignant les races, forçant les populations tribales à tout quitter, pour fuir.
nous sommes définitivement un couple expérimental, un couple de recherche, au sens scientifique du terme. nous sommes le couple zéro.