15/08/2004
Bien entendu, on ne peut pas créer une anthologie des films de destruction massive sans passer par l'un des deux seuls qui catalyse à ce point notre réflexion sur le sujet (on parlera du deuxième plus tard).
Là où dans les brumes indistinctes d'un premier degré attardé, nous nous efforçons depuis quelques semaines de retirer une leçon de vie et surtout de mort, Donnie Darko est l'exemple-type de l'application théorique de ce sourd pressentiment.
Evocation des points de fuite des réflexions existentielles, sacrifice à l'ordre des choses, incompréhension globale devant la coïncidence de nos vies, tout est ici réuni pour résumer à la fois les films d'ados, ceux de massacres sans nom ainsi que ceux mettant en scène la fin des mondes.
C'est d'ailleurs cet aspect synthétique qui nous a dérangé, Silvana et moi, non à la première vision, euphorique, mais plus tard, quand nous avons réalisé que toute peur disparaissait dès lors qu'elle devenait limpide et parfaitement argumentée.
Ainsi Donnie Darko ne fait pas peur. Et n'inquiète pas. Tout au plus, il réjouit des spectateurs en accord avec son principe.
Il faudrait que quelqu'un refasse ce film, qu'il vire cette musique 90's vomitive (Tears for Fears, beurk), qu'il ôte toute cohérence à la présence de Franck le lapin borgne, qu'il plonge le récit dans un flot noir, une mer de ténèbres parsemée de dents rocheuses invisibles, et en appelle à la puissance du bruit blanc pour saturer de rien une bande-son radicale.
Ce serait notre Donnie Darko. Notre bannière négative élevée au milieu des cadavres, sur le champ de bataille d'une guerre perdue.
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