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KURSE & INDIZES
IL NE S'EST RIEN PASSE

15/11/2004
 
NDE
temps mort. depuis quelques jours. on aura remarqué.
je constate qu'une reflexion faite sur ce journal par le passé se vérifie.
il s'agissait de solitude, et de l'idée qu'on n'est vraiment seul qu'à deux.
or c'est le cas. la solitude à deux est une solitude bavarde, qui dit son nom, développe son malaise, l'alimente en verbes, le décore d'adjectifs, tourne et retourne sans cesse dans un maelström de questions sans réponse, toujours nouvelles, ou toujours les mêmes, toujours bruyantes, et explosives, conçues pour qu'à un certain moment elles puissent chacunes éclater au visage du deuxième, celui avec qui l'on vit.
quand on est seul, tout ça disparaît, reflexions, pensées, stratégies, orages d'été aveuglants dans la chaleur des nuits. que pourrait-on faire face à notre propre disparition ? personne à côté de nous pour en être le témoin ou le responsable, assechement du discours, aspiration complète et lente des éléments qui nous composent, vers le vide, vers un point microscopique au diamètre tendant vers zéro et dans lequel aucun "moi" ne peut se loger, sans se concasser, ou s'effondrer sur lui-même, ou se plier sous la pression, méthodiquement, lutte contre les facteurs physiques, les lois inconnues régissant la presque-plus-vie des zones infimes, jusqu'à un rien qu'on atteint jamais.
temps mort. depuis quelques jours. que dire de plus ? vacuité de tout discours, de mots qui lui étaient destinés, parce qu'elle était là, aujourd'hui étoiles filantes brûlant dans la stratosphère sans laisser à personne la joie de les voir, ou la surprise, ou l'emerveillement, ou n'importe quel sentiment, mais un sentiment, en lieu et place du silence de mes pas sur le sol moelleux d'un tunnel insonorisé, noir, le silence et l'écho de ce silence, repercuté sur des parois invisibles, corridor, sans lumière vers laquelle se diriger, NDE du damné, qui n'a pas le droit à l'absolution, à la rédemption, comme les autres morts, ceux qui se sentent attirés par une lumière, chaude et réconfortante, dans laquelle tous ceux qu'ils ont aimé les attendent et tendent les bras, et invitent, et sourient, et rassurent.
j'ai devant moi un tunnel sans lumière, sans défunt à serrer dans mes bras, sans espoir de chaleur, sans rien d'autre que moi et le doute, dans toute cette obscurité, que ce "moi" soit encore quelque chose.
salle d'attente, corridor, temps mort.
Feedback(s):
... sans defunt a serrer dans mes bras...
tu veux dire que personne s'est fait empailler dans ta famille ?
 
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