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KURSE & INDIZES
IL NE S'EST RIEN PASSE

06/11/2004
 
POSITIF
en faisant le tour de la maison, j'ai observé les murs, le crépis noirci par le temps, les fissures qui apparaissent au fur et à mesure que s'affaissent les fondations.
j'imagine qu'un bon mari se mettrait en quête d'un maçon, ou chercherait un moyen de remettre d'aplomb ce foyer qui s'écroule sous sa propre pesanteur.
j'imagine qu'un bon mari prendrait une échelle, et irait voir sur le toit les quelques tuiles cassées dont l'absence menace d'inonder la maison à la première averse.
j'imagine qu'un bon mari ferait tout pour sauver le sanctuaire de son couple, le point central de sa vie et de son épanouissement.
mais je suis fatigué. et je préfère m'en remettre à l'idée que la principale pièce d'architecture manquante n'est pas en bois, ni en fer, ni en brique, mais en chair.
je préfère cette idée que quoi que je fasse pour arranger le déséquilibre des forces ne changera rien tant qu'elle ne sera pas revenue.
je préfère penser que le monde autour de moi, à commencer par ma propre maison, s'effondre de son absence, peut-être ensuite le village, puis le département, et finalement la terre entière, broyée sous la pression de mon désespoir que plus aucune barrière ne retient.
j'ai en moi un pouvoir destructeur sans limite.
j'ai en moi les clés de la fin des temps, et de toutes choses.
résonnent en moi les trompettes de l'Apocalypse, volent en éclats les sceaux, galopent les cavaliers, au fond de mes entrailles tous les morts qui se lèvent et rampent vers leur jugement, les scènes de bataille, les chiens baisant les chats, les mères leur fils, non plus dans le chaos, comme ce fut le cas autrefois, mais dans la révélation, dans l'accomplissement, en guise de conclusion, la grande et belle explosion de couleurs d'une photo qu'on développe, voyage chimique du négatif vers le positif, positif brûlé, pellicule qui flambe dans le projecteur, incendie qui emporte ce qui aurait dû être en même temps que ce qui a été, en direct, jeté sur un mur blanc, et vide, pour une salle d'un seul spectateur, split screen, double écran rétinien redondant, sans autre générique final que les feux jumeaux, à échelle cosmique, puisque je suis un être cosmique, et que le monde autour de moi n'existe que parce que j'existe, et que j'y pense, et que je le construis.
j'ai en moi les clés de la fin des temps.
j'ai en moi le point final d'un petit livre.
je ne disparaîtrai pas en fondu au noir.
je ne me perdrai pas dans le flou.
je.