29/03/2010
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18/11/2004
merci à ceux qui ont suivi
par bribes ou totalement.
à bientôt ailleurs,
sous d'autres noms.
15/11/2004
temps mort. depuis quelques jours. on aura remarqué.
je constate qu'une reflexion faite sur ce journal par le passé se vérifie.
il s'agissait de solitude, et de l'idée qu'on n'est vraiment seul qu'à deux.
or c'est le cas. la solitude à deux est une solitude bavarde, qui dit son nom, développe son malaise, l'alimente en verbes, le décore d'adjectifs, tourne et retourne sans cesse dans un maelström de questions sans réponse, toujours nouvelles, ou toujours les mêmes, toujours bruyantes, et explosives, conçues pour qu'à un certain moment elles puissent chacunes éclater au visage du deuxième, celui avec qui l'on vit.
quand on est seul, tout ça disparaît, reflexions, pensées, stratégies, orages d'été aveuglants dans la chaleur des nuits. que pourrait-on faire face à notre propre disparition ? personne à côté de nous pour en être le témoin ou le responsable, assechement du discours, aspiration complète et lente des éléments qui nous composent, vers le vide, vers un point microscopique au diamètre tendant vers zéro et dans lequel aucun "moi" ne peut se loger, sans se concasser, ou s'effondrer sur lui-même, ou se plier sous la pression, méthodiquement, lutte contre les facteurs physiques, les lois inconnues régissant la presque-plus-vie des zones infimes, jusqu'à un rien qu'on atteint jamais.
temps mort. depuis quelques jours. que dire de plus ? vacuité de tout discours, de mots qui lui étaient destinés, parce qu'elle était là, aujourd'hui étoiles filantes brûlant dans la stratosphère sans laisser à personne la joie de les voir, ou la surprise, ou l'emerveillement, ou n'importe quel sentiment, mais un sentiment, en lieu et place du silence de mes pas sur le sol moelleux d'un tunnel insonorisé, noir, le silence et l'écho de ce silence, repercuté sur des parois invisibles, corridor, sans lumière vers laquelle se diriger, NDE du damné, qui n'a pas le droit à l'absolution, à la rédemption, comme les autres morts, ceux qui se sentent attirés par une lumière, chaude et réconfortante, dans laquelle tous ceux qu'ils ont aimé les attendent et tendent les bras, et invitent, et sourient, et rassurent.
j'ai devant moi un tunnel sans lumière, sans défunt à serrer dans mes bras, sans espoir de chaleur, sans rien d'autre que moi et le doute, dans toute cette obscurité, que ce "moi" soit encore quelque chose.
salle d'attente, corridor, temps mort.
08/11/2004
de toute évidence, se tailler les veines dans le but de mourir n'est pas une solution acceptable pour moi.
les spécialistes disent qu'il s'agit d'un MO "de filles".
pourquoi ?
car il y a plusieurs conditions à la réussite de l'opération et surtout, si tant est que toutes ces conditions soient réunies, le fait de se vider de son sang est une opération longue et qui exige un romantisme beaucoup trop féminin pour qu'un homme - esclave pathétique du souci de maîtrise de l'évènement - en soit capable.
mais reprenons notre guide pratique.
tout d'abord, pour réussir son suicide par ouverture des veines, il faut sectionner l'artère radiale. ça paraît simple comme ça, mais c'est qu'elle est bien planquée cette putain d'artère, et généralement, la plupart des suicides de ce type se terminent de manière assez ridicule par une section des tendons, une faible hémoragie et un paquet de bouquets de fleurs aux urgences... bref, lamentable.
de plus, si malgré tout, vous réussissez à trouver l'artère radiale, il y a de fortes chances pour que la tentative échoue malgré tout puisque que la cicatrisation des poignets, allez savoir pourquoi, se fait très rapidement. donc, l'une des méthodes les plus utilisées pour accélerer la circulation sanguine et retarder la cicatrisation est de se plonger dans un bain d'eau chaude. c'est esthétiquement très mignon, et médicalement approprié, mais attention, ça n'est en aucun cas une garantie de réussite de l'opération, car pour peu qu'on ne soit pas très motivé, le temps qu'on se vide, il pourra se passer des tas de choses. le téléphone pourra sonner, ou être à portée de main pour appeler les pompiers, quelqu'un pourra sonner à la porte, on pourrait, allez savoir, changer d'avis, etc.
de toute évidence donc, le suicide par section de la veine radiale est une stupidité réservée aux personnes désirant être sauvées et découvertes dans un environnement suffisament dramatique pour qu'il puisse provoquer pitié et compassion dans le monde qu'on souhaitait soit disant quitter.
il est donc à exclure de nos prévisions.
puisque nous ne souhaitons provoquer aucune pitié.
07/11/2004
06/11/2004
en faisant le tour de la maison, j'ai observé les murs, le crépis noirci par le temps, les fissures qui apparaissent au fur et à mesure que s'affaissent les fondations.
j'imagine qu'un bon mari se mettrait en quête d'un maçon, ou chercherait un moyen de remettre d'aplomb ce foyer qui s'écroule sous sa propre pesanteur.
j'imagine qu'un bon mari prendrait une échelle, et irait voir sur le toit les quelques tuiles cassées dont l'absence menace d'inonder la maison à la première averse.
j'imagine qu'un bon mari ferait tout pour sauver le sanctuaire de son couple, le point central de sa vie et de son épanouissement.
mais je suis fatigué. et je préfère m'en remettre à l'idée que la principale pièce d'architecture manquante n'est pas en bois, ni en fer, ni en brique, mais en chair.
je préfère cette idée que quoi que je fasse pour arranger le déséquilibre des forces ne changera rien tant qu'elle ne sera pas revenue.
je préfère penser que le monde autour de moi, à commencer par ma propre maison, s'effondre de son absence, peut-être ensuite le village, puis le département, et finalement la terre entière, broyée sous la pression de mon désespoir que plus aucune barrière ne retient.
j'ai en moi un pouvoir destructeur sans limite.
j'ai en moi les clés de la fin des temps, et de toutes choses.
résonnent en moi les trompettes de l'Apocalypse, volent en éclats les sceaux, galopent les cavaliers, au fond de mes entrailles tous les morts qui se lèvent et rampent vers leur jugement, les scènes de bataille, les chiens baisant les chats, les mères leur fils, non plus dans le chaos, comme ce fut le cas autrefois, mais dans la révélation, dans l'accomplissement, en guise de conclusion, la grande et belle explosion de couleurs d'une photo qu'on développe, voyage chimique du négatif vers le positif, positif brûlé, pellicule qui flambe dans le projecteur, incendie qui emporte ce qui aurait dû être en même temps que ce qui a été, en direct, jeté sur un mur blanc, et vide, pour une salle d'un seul spectateur, split screen, double écran rétinien redondant, sans autre générique final que les feux jumeaux, à échelle cosmique, puisque je suis un être cosmique, et que le monde autour de moi n'existe que parce que j'existe, et que j'y pense, et que je le construis.
j'ai en moi les clés de la fin des temps.
j'ai en moi le point final d'un petit livre.
je ne disparaîtrai pas en fondu au noir.
je ne me perdrai pas dans le flou.
je.
01/11/2004
finalement, je ne suis plus certain que nous organisions, tous autant que nous sommes, des systèmes de survie qui nous permettent de nous éveiller demain.
finalement, je me demande si le fait de s'éveiller ne procède pas plutôt d'un subtil équilibre entre notre intime désir de destruction et notre nécessaire obligation de survivre.